La pathogenèse de l'IBD implique des réponses immunitaires aberrantes associées à des modifications de la composition du microbiote ainsi que des altérations de la barrière épithéliale intestinale (Xavier et Podolsky, 2007). La perméabilité accrue de la barrière épithéliale intestinale a été décrite comme une caractéristique précoce des MII, a été observée dans des segments non enflammés de l'intestin et précède l'apparition et les rechutes de la MC (Arnott et al., 2000 ; Irvine et Marshall, 2000).
Nos recherches précédentes ont contribué à identifier l'ENS comme un contributeur clé aux dysfonctionnements de l'IEB dans les MICI. En effet, nous avons montré que les neurones ainsi que les cellules gliales entériques (EGC) sont altérés chez les patients atteints de MC (Pochard et al., 2018 ; Prigent et al., 2020 ; Prigent et al., 2019). En particulier, nous avons montré que les EGC produisent des concentrations plus faibles de divers dérivés d'acides gras polyinsaturés (AGPI) n-6 (11PGF2, PGE2 ou la PGI2)(Coquenlorge et al., 2016 ; Pochard et al., 2016) conduisant à une perte de contrôle de la perméabilité et de la cicatrisation des IEB par des voies dépendantes de l'AMPK (Coquenlorge et al., 2016 ; Pochard et al., 2016). En outre, nous avons montré qu'une supplémentation in vivo en PGI2 peut prévenir la colite et améliorer la perméabilité du BIE (Pochard et al, en révision). De manière intéressante, il a récemment été décrit que certaines protéobactéries et cyanobactéries peuvent moduler le métabolisme des AGPI n-6 chez l'hôte (i) en sécrétant des enzymes impliquées dans le métabolisme des AGPI (ex : lipoxygénases) ou (ii) en modulant le métabolisme lipidique de l'hôte de l'IEB (Morello et al, 2019). Par conséquent, notre objectif est 1) d'évaluer si le remodelage de l'ENS CD affectant la production de dérivés d'AGPI n-6 est impliqué dans les dysfonctionnements de la BEI et la colite et 2) de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour renforcer la BEI.